Lime Green “Picnic Set”
Family Vacation, Virginia Beach
When I wake up
I scream.
John Berryman’s “Eleven
Addresses to the
Lord” are killing me.
When I left home
a week
ago it was
as though I had
little cuts
all over my body.
I’m better here
but I needed to
go out
and defy my husband
by buying a fluorescent
green folding table and
chairs at
the grocery
store for the
front cement
stoop at home.
I’m tired of his
“taste” and his
expensive imprint
on everything.
I bought a multi-colored
“polyester clip
beach umbrella” too,
two of them,
light to carry and then
attached to
a beach chair
supposedly.
The checkout cashier
was in the same
shape I’d be in
if I had that
job. Limping,
overwhelmed, and
hardly able to manage
it. And somewhere
on her there was a name tag
that declared she’d been
at the store since 2014—was
she that much
more functional a year
ago? Or do they
generally hire people
who can’t get
around? (Note to self.)
I waited happily
the forever it took for her
to liberate the bar codes
on the dinky
umbrellas from
their plastic
sheaths, to pull
the flat of water
bottles
out from the bottom
of the cart
onto the sensor, since
her little gun
couldn’t reach the
price down there.
A warning
tag fell off
one of the fluorescent green
folding chairs
she was holding
up to the register:
Warning, Avertissement,
Advertencia, Atenção.
A man interacting with
the chair is
pictured within four
circled diagrams.
The first, circled in blue,
depicts the man
(shirttail out) sitting
in the chair.
He’s being a good
safety-minded
consumer. In the second,
he is tilting back
nonchalantly, his feet
propped on the
base of the front
chair legs. A line
is drawn through the
circle to demonstrate
that this is forbidden. In
the third, he
jams his finger in the joint
between seat and back
of chair, a prickly circle like
a cartoon
lightning ball—“Ouch!”—
hovers nearby.
In drawing four, the man
is standing on the
chair! What a naughty
partier he is,
this guy in the baggy
khakis, untucked
short-sleeved shirt,
head slightly bowed, staring
straight ahead. I was
then thoroughly
clear on the morality and
ethics of using
the green chair.
Now that that
was accomplished, what about
the relative danger
of having an
extra-marital
affair?
Mobilier-Repas Vert-Fluo
Vacances en famille, Virginia Beach
Quand je me réveille
je crie.
« Les onze allocutions au
Seigneur » de John
Berryman m’écrasent.
Quand je suis partie
de chez moi il y a
une semaine
c’était comme si j’avais
des petites coupures
partout sur le corps.
Ici je vais mieux
mais j’avais besoin de
sortir
et défier mon mari
en achetant
une table pliante et des chaises
vert-fluo au
supermarché pour
le perron en
ciment de chez nous.
J’en ai marre
de ses « goûts » et son
empreinte
côuteuse partout.
J’ai aussi acheté une ombrelle
multicolore, en « polyester »
deux comme cela
légères à porter et que l’on peut
attacher à une
chaise de plage
dit-on.
La caissière était
Dans la même forme
que moi
si j’avais dû faire ce
travail.
Boitant,
accablée, et
presque incapable de
le gérer.
Elle portait quelque part
sur elle un insigne
à son nom
déclarant qu’elle travaillait
dans ce magasin
depuis 2014—était-elle
plus fonctionnelle
il y a un an ? Ou
embauchent-t-ils
généralement des gens
qui n’arrivent pas
à se déplacer ? (Je prends note.)
J’ai attendu gaiement
durant l’éternité qu’elle
a mis
à libérer les codes-barres
des fourreaux en plastique
des petits
parasols, de sortir
le pack des bouteilles
d’eau
du fond du chariot
et le poser sur le capteur
car son petit pistolet
ne pouvait pas atteindre
le prix en bas là.
Une étiquette
d’avertissement s’est détachée
d’une des chaises pliantes
vert-fluo
qu’elle tenait à la caisse :
Warning, Avertissement,
Advertencia, Atenção.
Un homme interagissant avec
la chaise est
représenté en quatre
schémas encerclés.
Le premier, cerclé en bleu,
montre l’homme
(chemise hors du pantalon)
assis sur la chaise.
Il fait le bon consommateur, prudent.
Au deuxième,
il se penche en arrière
avec nonchalance, ses pieds
posés sur le bas
de la chaise. Une ligne
tracée à travers le cercle
indique que
ceci est interdit. Au
troisième, il
coince son doigt
entre le siège et le dos
de la chaise, un cercle épineux comme
une balle de foudre d’une
bande-dessinée—« Aïe ! »–
flotte à côté.
Au quatrième dessin, l’homme
est debout sur la
chaise ! Quel coquin,
ce fêtard en chemise
à manche courte sortie
de son bermuda kaki
la tête un peu basse, le regard
droit devant lui. J’étais
désormais complètement
informée de
la moralité
et de l’éthique d’utilisation
de la chaise verte.
Cela accompli,
Que dire
du danger relatif
d’une
relation
extra-conjugale ?
Translated by Eleanor Platt and Mary-Sherman Willis, in consultation with
Josette Lecrivain-Comte and the author
Night
I love the night. In the morning,
my husband’s mother loves him and bakes him
an apple pie. In the morning, he
wakes early and writes clever
poems to place on her doorstep. My time is the night.
Negative of his positive. The world
in which I am loved—because it is
not the world. But the world’s moon, its reflection. My mother
only wanted to nap. I can see that
now, because I have become her.
It was not the nap. At three in the afternoon.
It was the solitude. It was
reprieve from daylight. She made a stab
at the tourist hot spots, the wholesome outings. By
afternoon she couldn’t stand the homilies,
the group leg iron. She had to go
to bed! I am just like her. My father’s new girlfriend
hands me the tourist highlights
from the local paper—the boardwalk
art show and dolphin jumping—
and I hand it directly
to my husband. My father’s new
girlfriend is a morning person. She doesn’t have a
mean streak. After one hundred years of
terror, we flock to her,
cling to her daylight. She says the words
my mother said, calls my father
by his nickname, but it’s weirdly substanceless,
like suddenly she’s the night and my mother,
day. My mother had
dark hair and Ellen has light,
and so on. My mother had the courage of her convictions.
She did not do yoga. She did
not get massage. She liked a
rare steak and a glass of whiskey—but only one. All things
in moderation, even her lurid dying. She
said, We Ladies of the Old
South rise above it; she carried The Way of All Flesh in
her blue night bag for her last
trip to the hospital. She knew she was
out of air. She knew that nowhere on earth, in this life,
was there enough oxygen for her.
I wept for six months
about her life. About how there was no
element for her. She never
looked comfortable,
not in her childhood photos and portraits,
not in all the years I knew her. She
came to life a little in
the twilight. Her once-daily cigarette at sunset
on the beach. She loved the shore,
the margin, the entrance to
the wild, other, world. I wept because living
seemed agony to her, and love,
the worst. I kept saving things
to tell her. Most of the letters I wrote to her, I tore up
or put aside. I was saving stories
for that other place, our own
dead letter office, a place without shadow,
that paradise, the night.
Nuit
J’adore la nuit. Le matin,
la mère de mon mari l’aime et lui prépare
une tarte aux pommes. Le matin, il
se réveille tôt et compose des poèmes
malins pour les déposer à sa porte. Mon heure est la nuit.
Négatif de son positif. Le monde
dans lequel je suis aimée – car ce n’est
pas le monde. Mais la lune du monde, son reflet. Ma mère
veut seulement se reposer. Je le réalise
maintenant, car je la deviens.
Ce n’était pas la sieste. A trois heures de l’après-midi.
C’était la solitude. C’était
trève de lumière. Elle a fait de son mieux
pour les attractions, les sorties salutaires. Dès
l’après-midi, elle ne pouvait plus supporter les homélies,
les jambes de bois du groupe. Elle devait
se coucher ! Je suis comme elle. La nouvelle compagne de
mon père me montre les extraits touristiques
tirés du journal—le festival
des tableaux montés sur la promenade, et les dauphins—
et je les passe de suite
à mon mari. La nouvelle compagne
de mon père est matinale. Elle n’est pas
méchante. Après cent ans de
terreur, nous nous rapprochons d’elle,
nous nous rattachons à sa lumière. Elle utilise les
mêmes mots que ma mère, appelle mon père
par son surnom, mais ça reste étrangement sans fond,
comme si soudain elle est la nuit, et ma mère
le jour. Ma mère était brune et
Ellen est blonde,
etc… Ma mère avait le courage de ses convictions.
Elle ne faisait pas de yoga. Elle ne faisait pas
de massage. Elle appréciait
un steak saignant et un verre de whisky – un seul. Toutes choses
en modération, même sa mort bruyante. Elle
avait l’habitude de dire : Nous, Femmes du Vieux
Sud, supportons tout. Elle avait The Way of all Flesh
dans son sac, pour son dernier
voyage à l’hôpital. Elle savait bien qu’elle était à bout
de souffle. Elle savait bien qu’il n’y avait plus assez
d’oxygène pour elle, sur la terre, dans cette vie.
J’ai pleuré pendant six mois
pour sa vie. Parce qu’il n’y avait aucun
élément pour elle. Elle n’était
jamais à l’aise, ni sur les
photos d’enfance et sur les portraits,
ni pendant toutes ces années avec moi.
Elle s’était ressuscitée un peu au
crépuscule. Sa cigarette journalière au coucher du soleil,
sur la plage. Elle adorait le littoral,
les marges, l’entrée dans le monde
sauvage, différent. Je pleurais car la vie semblait
une agonie pour elle, et l’amour,
le pire. Je gardais des choses
pour les lui dire. Presque toutes les lettres que je lui ai écrites
je les ai déchirées ou mises de coté. J’ai gardé des histoires
pour cet ailleurs, pour notre propre bureau de poste
des lettres perdues, un monde sans ombre,
ce paradis, la nuit.
Translated by Matthieu Chantsin and Susan Wicks, in consultation with Marie-José
Schneider and the author
- But Then I Turned Into My Evil Twin: Kindness and Ecstasy - May 19, 2021
- Two Poems - May 20, 2020
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